SNCF : 11 décembre 2011, il n’y a pas que vos horaires de train qui vont changer
La CGT Cheminots
s’adresse aux usagers du train :
Madame, Monsieur,
Comme tous les ans à la même période, la SNCF présente son programme de circulation des trains pour l’année suivante. Ce que les cheminots appellent « le changement de service » modifiait traditionnellement les horaires à la marge. La direction de la SNCF en profitant pour tenter d’effectuer des économies de productivité sur l’emploi et sur la qualité du service public. Cette année contrairement aux années précédentes le service annuel de circulations pour 2012 (SA 2012) va être quasi-intégralement remodelé. Mais il n’y a pas que les horaires qui vont changer !
Ce changement d’horaires va en effet concerner 85% des horaires des trains TER, TGV, Téoz et Intercités. Les trains de nuits et trains internationaux subiront également les conséquences de l’indisponibilité de plages de circulation (sillons) pour permettre la réalisation de travaux sur les infrastructures ferroviaires. Les circulations de trains de marchandises, déjà fortement réduites par les choix stratégiques de la SNCF et du Gouvernement vont être encore plus affectées, laissant libre circulation au tout routier, notamment sur la façade atlantique.
Le SA 2012 confirme également le maintien des trains à horaires à confirmer (trains de nuit notamment…) qui avaient engendré une certaine désaffection des voyageurs. On voudrait les supprimer qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
La désorganisation du système ferroviaire (SNCF/RFF) provoquée par la réforme de 1997 n’a pas réglé la question du financement. Aujourd’hui, il ne suffit pas d’adapter les circulations ferroviaires à l’obligation d’accélérer des opérations indispensables de régénération d’un réseau ferroviaire que l’Etat a laissé vieillir et aux conséquences de la mise en circulation du TGV Rhin/Rhône. Non, le Gouvernement, RFF et la SNCF se sont acharnés, contre une partie des régions, contre l’avis des organisations syndicales à quasi-généraliser dès 2012 le cadencement en région, alors même que les investissements sur le réseau ne sont pas réalisés, que sa fiabilité et sa disponibilité limitent ses capacités.
Ce changement de service est guidé par d’autres considérations que la réponse aux besoins, l’amélioration du service public et l’anticipation de la croissance des trafics prévus d’ici à 2020.
Cette décision hâtive dictée par Fillon et Sarkozy s’inscrit dans la volonté gouvernementale d’aller rapidement vers une expérimentation de la concurrence dans les TER. Le cadencement vise à simplifier le système ferroviaire pour faciliter l’ouverture à la concurrence et augmenter la rentabilité financière sur le dos des usagers.
Il n’existe pas d’exemple où l’ouverture à la concurrence d’un service public (Poste, France Telecom, gaz, électricité…) ait bénéficié aux usagers en termes de service rendu et de prix !
Qu’est-ce que cela va changer pour vous ?
Peut-être que pour certains d’entre vous ce changement d’horaires sera indolore ou presque en façade. Ce sera loin d’être le cas pour tout le monde, contrairement au ton rassurant que la SNCF et RFF adoptent à travers la vaste campagne de communication lancée depuis la fin du mois de septembre.
Cela va se traduire de différentes manières : allongement de la durée des parcours, disparition de correspondances, suppressions de trains voire modifications d’horaires qui ne correspondent plus aux besoins de la population.
Que vous soyez lycéen, étudiant ou salarié, une modification d’horaire, ne serait-ce que de quelques minutes, peut chambouler totalement l’organisation de vos déplacements. Mais pour certains, le train n’offrira même plus de solutions adaptées à leur rythme de vie sociale et professionnelle, occasionnant une rupture sans précédents dans leur vie quotidienne et les obligeant à se reporter sur un autre mode de transport moins rapide, plus polluant, plus cher.
Ce changement de service va également accompagner la politique de déshumanisation des gares de la SNCF, par la fermeture des guichets, la limitation des plages d’ouverture des gares, voire leur fermeture, et en général la baisse généralisée de l’offre en gare.
En île de France, ce sont 600 emplois qui sont menacés par la mise en œuvre principalement sur 2012 d’une disposition de la convention entre le STIF et la SNCF (Annexe B8) pour adapter le niveau de service des gares à leur fréquentation, simplement par mesure d’économies.
Qu’est-ce que l’on peut changer ensemble ?
Cela fait des mois que la fédération CGT des cheminots alerte sur les risques de ce méga changement d’horaires. Elle a d’ailleurs à plusieurs reprises interpellé la direction de la SNCF, le Gouvernement, les conseils régionaux tant sur les carences de ce changement de services pour les usagers que sur ses conséquences pour les cheminots et le service public. Des interventions qui ont permis de modifier ici ou là des circulations.
Mais comme il fallait s’y attendre, la publication des grilles horaires 2012 déclenche au fur et à mesure un légitime mécontentement des usagers et de leurs associations, autant que celle des cheminots qui s’inquiètent des conséquences de ce SA 2012 sur leur charge de travail, mais aussi sur les moyens et les conditions de réalisation de ce changement de service.
Pour tenter d’y faire face, la SNCF, RFF et le Gouvernement cherchent à détourner leurs responsabilités sur d’autres acteurs, si d’aventure ce changement de service se passait mal ; notamment les organisations syndicales.
Il faut savoir que la grande concertation promise dans l’entreprise avec les organisations syndicales tourne toujours au ralenti, malgré les appels de la CGT à négocier à partir des revendications locales. Il peut y avoir une tentative de la SNCF de jouer la carte « grève » lors du changement de service du 11 décembre, là aussi pour masquer ses responsabilités.
La CGT n’a pas l’intention de se laisser embarquer dans un piège qui desservirait autant les usagers que les cheminots. Les organisations syndicales de cheminots ont demandé à la direction SNCF de mettre à profit le temps qui nous sépare du 11 décembre pour répondre aux revendications en matière d’emploi, d’organisation du travail, de modifications de circulations. La balle est dans le camp de la SNCF !
Partout où cela sera possible et pour faire avancer nos intérêts communs, la CGT et ses syndicats se rapprocheront des associations d’usagers. Cheminots, usagers, chacun avec nos prérogatives nous pouvons agir.
Novembre 2011