Intervention militaire française au Mali : diverses réactions
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Condamnons l’état de guerre,
exigeons l’état de Paix !
Le gouvernement français a décidé une intervention militaire au Mali ce vendredi 10 janvier, sans consultation du Parlement.
Le Mouvement de la Paix refuse l’argumentaire permanent du caractère inéluctable des interventions militaires. Celui-ci place les citoyens devant une politique du fait accompli, induit par l’urgence d’une situation pour laquelle la communauté internationale ne s’est pas dotée des moyens de préventions nécessaires.
Le Mouvement de la Paix exprime toute sa solidarité avec le peuple malien qui souffre depuis plusieurs mois d’inacceptables violences perpétrées par des groupes armés se réclamant de l’islam radical.
L’histoire récente démontre clairement que rajouter la guerre à la guerre n’apporte aucune solution à un quelconque conflit. L’exemple libyen, grandement responsable de l’actuelle situation au Mali, oblige la France et la communauté internationale à repenser leurs stratégies, en vue de réellement protéger les populations.
Les interventions militaires extérieures ont des effets directs sur la population française, prise en otage par l’instauration d’un climat de peur permanente de l’ennemi invisible, et donnant lieu au maintien et au renforcement du plan Vigipirate avec le dévoiement continuel de la présence de l’armée sur le territoire impliquant une situation de guerre sans fin.
Pour le Mouvement de la Paix, l’urgence absolue est de permettre le déploiement d’une force d’interposition internationale mandatée par les Nations unies pour mettre fin aux conquêtes des groupes armés et protéger les populations civiles en proie à la terreur des combats.
Le Mouvement de la Paix
Saint-Ouen, le 13 janvier 2013
Merci Henri
Communiqué du Collectif communiste Polex
Les chiens de guerre
sont de retour !
Ce que nous avons redouté depuis quelques mois, hélas, est enclenché. Quand un gouvernement est en chute libre dans l’opinion parce que sa politique d’austérité condamne le pays à la récession, à l’aggravation du chômage, il peut choisir de mener une guerre à l’extérieur sous des prétextes « humanitaires », pour se refaire ainsi une popularité. Depuis hier, les forces françaises sont engagées au Mali, dans une guerre pour le Sahara et ses richesses qui risque de durer autant que celle menée par l’Occident en Afghanistan. Le prétexte de l’engagement est de stopper l’avancée vers le sud des groupes intégristes qui occupent le Nord Saharien, à la demande d’un gouvernement malien désemparé – prétexte d’autant plus fallacieux que les intégristes du Nord-Mali sont financés et armés par les monarchies du Golfe, alliées de la France. En fait, l’intervention française ne se fixe pas de limites dans le temps ni dans l’espace, et ses responsables ne cachent pas leur volonté de conquérir le Nord-Mali, espace désertique grand plusieurs fois comme la France. Ils font état du soutien de la « communauté internationale », et les grands médias français de service public et privés emboîtent le pas, en cachant la réalité : Les USA soutiennent certes la guerre française, et les dirigeants pro-occidentaux de la CEDEAO aussi, bien contents que la France agisse à leur place. Mais une bonne partie des pays africains riverains y sont opposés (Algérie, Sénégal, etc.). Bien des pays européens sont réticents, et les pays les plus peuplés du globe encore plus (Chine, Russie, Inde, Brésil, etc.). A l’inverse de ce que matraquent nos télévisions, porte-voix de l’impérialisme occidental, la France est isolée en cette affaire, et s’engage dans un bourbier guerrier pour de longues années, avec des résultats aussi négatifs qu’en Irak ou Afghanistan. Cela se double déjà d’opérations aventurières en Somalie, et pourquoi pas au Moyen-Orient !
Hollande, qui se disait disciple de Jaurès, restera-t-il dans l’histoire comme le Président qui a parrainé la destruction de l’industrie française, et transformé notre pays en machine de guerre, dans la foulée de Sarkozy ?
Collectif communiste Polex
Paris, le 12 janvier 2013
Le pouvoir atlantiste français intervient au Mali pour résoudre un problème qu'il a lui même sciemment créé (ce qu'il a essayé de faire aussi sur une plus grande échelle en Syrie, où il est tombé sur un os).
Il a créé une situation telle où maintenant, s'il n'intervient pas, les gangs de mercenaires et de voyous intégristes qui mettent le pays a feu et à sang vont aggraver leurs méfaits outre toute mesure, d'autant que le boycott du Mali après le renversement du gouvernement précédent qui était incapable d'organiser la guerre contre eux a laissé le pays sans défense.
L'intervention française est une atteinte à la souveraineté d'un pays africain et musulman (un de plus). Mais elle n'a pas commencé hier, elle a commencé l'an dernier avec la déstabilisation du Nord.
Dans ces conditions je pense qu'il ne sert à rien de s'opposer à une intervention qui sera réclamée par la plupart des Maliens, faute d'autre solution. Ceux qui s'y opposent en parole (comme Mélenchon ou Mamère) vont ils aller affonter les djihadistes sur place? C'est d'ailleurs pour cette raison que ni la Russie ni la Chine ne s'y sont opposées.
Mais il faut rappeler la responsabilité très lourde du gouvernement français de Sarkozy et de son opposition d'atlantico-gauche dans la déstabilisation de toute l'Afrique par la destruction de la Libye, qui a déchainé le terrorisme au Sahara, et dont il faudra un jour demander des comptes.
Par ailleurs l'intervention risque de donner aux djihadistes une légitimité de résistants, comme cela s'est produit en Afghanistan. C'est sans doute d'ailleurs un des buts de l'opération : faire en sorte que l'opposition à l'impérialisme paraisse partout dans le monde comme le fait de groupes de criminels obscurantistes.
Il faudrait aussi que la gauche morale et droit de l'hommiste se réveille de son sommeil puéril et se rende enfin compte de la nature bestiale de l'impérialisme, qu'elle refuse absolument de voir à l'œuvre tous les jours en Syrie depuis 21 mois, et qui vient de se montrer sans fard avec l'assassinat de trois militantes kurdes du PKK à Paris, mercredi dernier.
GQ (Réveil Communiste)
Le 13 janvier2013
Pour info la position du POI, que je ne partage pas (GC), mais qui a le mérite de la clarté :
Communiqué du
Parti Ouvrier Indépendant
Non à la guerre ! Non à l’intervention française au Mali !
Retrait immédiat des troupes !
Le POI — qui a multiplié les mises en garde contre toute menace d’intervention et d’ingérence du gouvernement français au Mali — s’indigne des déclarations du président de la République ce vendredi 11 janvier 2013, affirmant que « la France répondra »,
« dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU », à la demande d’intervention militaire formulée la veille par le régime de Bamako.
En réalité, depuis le jeudi 10 janvier, des forces militaires françaises sont déjà déployées dans la localité de Sévaré, au centre du Mali, avec la présence de huit avions sur l’aéroport militaire.
Le POI condamne l’intervention militaire française au Mali, qui a reçu d’emblée le soutien des Etats-Unis et de l’Union européenne (et de tous les gouvernements la composant) ; intervention qui, comme hier en Afghanistan ou en Libye, sera un coup porté contre la
souveraineté nationale de tous les pays du Sahel (à commencer par celle du Mali et de l’Algérie), et qui vise à ouvrir la voie au chaos dont les peuples et les travailleurs seront les victimes.
La résolution n° 2085, votée le 20 décembre 2012 à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU et soutenue par les gouvernements français et américain ainsi que par l’Union européenne, a pour seule fonction d’ouvrir la voie à une intervention militaire au Mali.
Le POI en appelle aux travailleurs, militants, jeunes, attachés à la paix, à la démocratie et à la justice sociale. Il se prononce contre l’intervention militaire française, pour le retrait immédiat des troupes du territoire malien, pour le droit des peuples à disposer d’eux- mêmes et pour la souveraineté des nations.
Partie prenante de l’Entente internationale des travailleurs et des peuples, le POI exprime sa solidarité militante avec les forces du mouvement ouvrier et démocratique au Mali, en Algérie, dans le monde entier, qui s’opposent à l’intervention militaire et se prononcent pour le respect de la souveraineté des nations.
Paris,
Vendredi 11 janvier 2013
Intervention au Mali :
Position de la Gauche Communiste
(dirigée par JJ Karman, membre du CN du PCF et conseiller général d'Aubervilliers):
Dans la droite ligne de Nicolas Sarkozy qui a eu recours aux aventures coloniales à chaque fois qu'il était en difficulté en politique intérieure, le président Hollande vient coup sur coup de décider une expédition punitive en Somalie et l'intervention officielle de l'armée française au nord du Mali.
La rhétorique est identique à celle de Nicolas Sarkozy, matinée de G. W. Bush : la France, sous mandat des Nations Unies, part en guerre pour défendre les « droits de l'homme » et combattre le « terrorisme ».
On n'en attendait pas moins d'un président de la République en échec dans pratiquement tous les domaines de politique intérieure, abandonnant les unes après les autres ses promesses de campagne au nom du réalisme politique et des contraintes budgétaires imposées par le TSCG. Et pour marquer l'opinion publique et développer un climat de paranoïa collective afin d'obtenir le consentement de la nation, on nous annonce le soutien « unanime » de la classe politique française, à savoir la droite et l'extrême droite, et le relèvement du niveau d'alerte du « plan Vigipirate ». Ce n'est pas pour rien que Manuel Valls est ministre de l'Intérieur !
En attendant, force est de constater que l'austérité appliquée aux collectivités territoriales, aux fonctionnaires d'Etat, au logement, à la santé, à l'éducation, à la recherche, etc. ne s'applique pas au ministère de la Défense. Et si les experts discutaillent à l'envi sur de pseudos organisations terroristes aux noms tous plus exotiques les uns que les autres, œuvrant à des milliers de kilomètres du territoire nationale, ils nous informent beaucoup moins sur le coup financier et humain de ces expéditions.
Comme le disent pudiquement certains journalistes, les « victimes civiles » se compteraient déjà par dizaines. Voilà qui relativise fortement les prétextes droits-de-l'hommistes du général Hollande.
Ce dernier prétendait il y a quelques temps vouloir rompre avec les traditions néo-coloniales de ses prédécesseurs. Soyons rassurés, il n'en est rien !
Rappelons tout de même à « papa Hollande » que les petites aventures coloniales crapoteuses se soldent parfois par de graves revers. La tentative de libération de l'otage français de la DGSE qui se solde par un mort avéré, un mort présumé et un disparu montre qu'il n'est pas si simple de jouer les Rambo. Quant à l'opération militaire française au Mali, on ne peut que lui prédire le même succès.
Caroline ANDREANI