A propos du « Front de Gauche »
J'ai participé comme certains ...au premier meeting du «Front de Gauche» créé par le PCF et le Parti de Gauche (PG) pour les européennes...Huit interventions ont eu lieu. Seul Nikonoff pour le M'PEP, un mouvement dissident d'ATTAC, s'est distingué en condamnant l'actuelle construction européenne. Les autres intervenants ont décliné la diversité de leurs positionnements politiques pour aménager l'Europe.
Trois interventions sont réellement sorties du lot:
Celle du représentant départemental de la LCR-NPA venu rappeler que pour son organisation il ne peut y avoir d'alliances «à géométrie variable»: avec son organisation aux européennes et ensuite avec le PS aux régionales et autres élections. Cette intervention a suscité beaucoup de remous, elle a été diversement appréciée par la salle.
Mélenchon, lui a conclu le meeting par une envolée oratoire de talent, il nous a livré un grand classique social-démocrate... de gauche si l'on veut, mais je l'ai entendu reprendre son argumentation classique «Pour une République Sociale». Point de transformations révolutionnaires, même si depuis les précédentes campagnes la crise pose de nouveaux problèmes. L'orateur a du talent, il sait s'en servir et recueillir des applaudissements ravis. Il reste ce qu'il déclare être: un dirigeant social démocrate.
Francis Würtz, député européen sortant, s'est lui exprimé en avant dernier pour le PCF... Rencontrant quelques difficultés à avancer des mesures positives pour les travailleurs prises au cœur de l'institution européenne. Il a préféré insister sur la nécessité de «travailler avec les sociaux démocrates» quand quelque chose est possible ; par exemple, empêcher l'application en France de la loi sur les 65 heures de travail. Ceci personne ne le conteste...cela fait partie d'une pratique permanente des élus communistes. Elle caractérise notre action politique.
Par contre il ne m'a pas convaincu sur deux questions incontournables :
La nature de l'actuelle construction européenne, question jamais abordée par F. Würtz et le PGE, Parti de la Gauche Europénne qui qualifie dans les premières lignes de son programme les dirigeants européens «d'élites irresponsables». Le PGE et F. Würtz font comme si la construction européenne actuelle était amendable. On reste dans le registre de la campagne «Bouge l'Europe» menée il y a quelques années. Les peuples d'Europe pourraient par un vote (ou des votes) transformer l'Europe construite depuis 1958 comme un grand marché capitaliste au service de l'impérialisme américain en une affaire des peuples pour les peuples. Et ce avec un rapport des forces électorales très défavorable aux progressistes dans toute l'Europe. Malheureusement pour cette thèse il y a eu les NON des peuples de France, Pays Bas et Irlande. Nous avons vu comment les forces capitalistes les ont contournés. Se moquent des votes si ceux-ci ne s'appuient sur des luttes politiques de très haut niveau.
L'autre question est celle des liens entre «les moments électoraux» et les luttes de classe. Avec les diverses formes qui se développent aujourd'hui: des journées «classiques» pouvant évoluer vers des mouvements plus longs aux multiples actions de résistance, de désobéissance face à l'insupportable. Un processus est en cours. Il peut conduire à une radicalisation politique.
Nous avons mieux à faire que scander jusqu'à épuisement «unité! unité! unité!», dans les meetings du «Front de gauche». Je crois qu'avec une majorité de communistes nous saurons être à la hauteur des enjeux de classe face à la plus grande crise du capitalisme de puis 1929. Dans les luttes, en leur donnant plus d'importance, plus de force, un caractère unitaire renforcé. Mais surtout un contenu politique sans ambiguïté. Le 29 janvier, les militants de la section de Béziers du PCF défilaient avec des pancartes portant le mot d'ordre «pour en finir avec la crise, sortir du capitalisme». En cela ils portent leurs propositions politiques au niveau des enjeux. Nous avons été très bien accueillis par les manifestants...
Il ne tient qu'à nous que notre action déterminée pèse d'ici juin pour modifier ces contenus dans le sens qu'impose la crise du capitalisme. Un «bon» résultat électoral de ce «Front» est lié à cette évolution du contenu... car il y aura concurrence sur notre gauche et bien plus dangereux, l'abstention dans les urnes et la résignation sociale.
source : « blog du PCF Béziers»