Communistes français : il faut appeler un chat un chat !
Dans quelques mois, le PCF tient son 34ème congrès, qui se veut celui du « changement ». La formule est décidément à la mode, de Sarkozy à Montebourg, et ne signifie donc pas grand-chose. En tout cas, les rencontres consultatives entre adhérents se multiplient, y compris celle de Paris, le 31 mai, sur les questions internationales.
Le collectif Polex en tant que tel, ne se situe pas dans ce débat interne, puisqu'il est un lieu de réflexion réunissant des communistes, adhérents ou non du PCF, partie prenante pour certains des groupes organisés de sensibilité différente ou les récusant tous. Nous tenons beaucoup à cette diversité, et nous nous y tiendrons.
Mais les contributions concurrentes au sein d'un parti dont nous ne dépendons pas, contribueront à influencer, en bien ou en mal, les luttes populaires en France : cela ne peut nous laisser indifférents. D'autant que certains discours ont de quoi inquiéter.
Lors du débat du 31 mai, le représentant de la direction actuelle a proposé une analyse du monde. Il est, dit-il, « complètement différent de ce qu'il fut il y a moins de vingt ans », « en état de transformation permanente », structuré par « l'extension de la marchandisation capitaliste et néo-libérale », marqué par « le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication », et surtout par « la chute du mur [de Berlin]..., écroulement d'un modèle, d'une autre conception- qui a échoué -de la société et du monde ». Ce tableau consensuel qui veut réconcilier toutes les tendances internes au PCF, y compris les plus droitières, et pourrait être signé d'un « droit de l'hommiste » radical de gauche, révèle surtout trois dimensions de rupture avec les fondamentaux de l'idéal communiste depuis la création du PCF :
1-La notion même d'impérialisme a disparu, comme responsable de l'inégalité entre les peuples, des guerres. Non seulement le mot n'est jamais prononcé en cinq pages, mais l'analyse des causes de l'état du monde se réduit à un discours humaniste, pacifiste, sur l'égoïsme des possédants, à un discours éthique.
2-Certes, le capitalisme, souvent baptisé « néo-libéralisme », est jugé coupable, mais aucun projet de société clair n'est proposé en objectif de lutte pour le remplacer. Plusieurs pages, au contraire, insistent sur « l'échec systématique du socialisme réel », comme s'il s'agissait d'un système néfaste dans toutes ses dimensions, comme s'il n'avait pas assuré aussi pendant quelques décennies aux peuples d'Europe de l'est le plein emploi, la gratuité des soins, dont ils ont aujourd'hui la nostalgie ; comme si les peuples d'Amérique latine avaient tort aujourd'hui encore, d'envier le système de santé et d'éducation de Cuba ; comme si la disparition de l'URSS ne permettait pas d'imaginer une société socialiste, basée sur la propriété collective des grands moyens de production et sur la démocratie politique...
3-Au lieu de cela, les responsables du PCF affirment en préalable de la discussion, que « l'histoire du mouvement communiste international est terminée depuis assez longtemps » ! Postulat tout aussi aberrant que celui de Fukuyama d'une histoire de l'humanité close avec le capitalisme. On comprend mieux dans ces conditions le refus constant du PCF de participer aux rencontres internationales régulières des partis communistes, au profit de collaborations avec des mouvements sociaux-démocrates européens.
Ces orientations ont un seul objectif, conserver un PCF incluant jusqu'à ses éléments les plus réformistes, ceux notamment qui ont signé l'appel « l'alternative à gauche », d'anciens ministres des gouvernements socialistes (qui ont privatisé plus que la droite) comme Gayssot, des opportunistes politiciens, élus et dirigeants du PCF, comme Asensi, Braouezec, Calabuig, M.P. Vieu, etc...Ceux là qui, justement, proclament leur désir de fonder une organisation à la gauche du PS, mais qui ne se réclame plus du communisme : en bon français, un parti social-démocrate de gauche...
Si cette opération convergente de liquidation des fondamentaux communistes réussit, le PCF aura, quoi qu'il en soit, signé son arrêt de mort, après quatre-vingt-huit ans d'histoire glorieuse au service des travailleurs de France, comme cela s'est fait en Espagne, en Italie, en Allemagne, etc. Tous ceux d'entre nous qui croyons toujours à la nécessité « d'une maison commune pour les communistes » selon la formule de notre camarade italien Losurdo, ne s'y résignerons pas et sauront en tirer les conséquences.
Françis A.
source : « collectif communiste polex »